Un p’tit tour au PMU

Rapport de mission n° 133
Date de la mission: Juin 1938
Agents :

La BMS enquête sur un curieux meurtre survenu au champ de course à Longchamp. La victime est un émigré juif allemand qui venait de gagner de grosses sommes au jeu. Le meurtrier a tout d’une créature surnaturelle...

Le jeudi 9 juin 1938, un homme a été retrouvé mort dans les toilettes publiques de Longchamp. Les circonstances de ce décès ont attiré l’attention de la Brigade Mobile Spéciale : il semble qu’une partie de son torse ait été désintégrée et cautérisé par un acide. Une même forme conique de désintégration est visible sur le mur des toilettes. Toute la cabine était parsemée d’une étrange mousse vert sombre. Les premiers témoins arrivés sur place ont en outre mentionné une forte odeur nauséabonde. Sur le corps, les papiers, les clefs et les gains importants du défunt (18 000 Francs !) ont été retrouvés, ce qui semble éliminer un mobile crapuleux au crime.

L’identité du défunt est donc rapidement connue : il s’agit un émigré Juif allemand, Franz Jacobowitz, originaire de Munich et né en 1893, récipiendaire de la Croix de Fer - 2ème classe. Il serait arrivé en France en septembre 1937, avec son épouse Stella et ses deux filles Louise et Rebecca. La famille a vécu un temps dans un clapier rue Sadi Carnot à Bagnolet, puis a déménagé en décembre 1937 rue du Chemin Vert dans le XIème, peu après que Franz ait trouvé un emploi de commis de librairie. Puisque le décès est survenu à Longchamp, l’enquête est confiée aux RG, responsable des jeux, en la personne de l’inapte inspecteur Oustric et du limité enquêteur Stigmates, sous la supervision du commissaire Marconi. Le premier contact entre la BMS et Oustric laisse la plupart des participants sur leur faim, mais la commissaire Plavier obtient l’accord de coopération qui permet de mettre la main sur le corps pour autopsie. Les photographies réalisées sur place indiquent en revanche que le corps semble avoir été comme aspiré de l’intérieur, le visage arborant l’aspect vitreux d’un noyé.

L’enquête menée à Longchamp indique que Jacobowitz faisait l’objet d’une observation de la part des RG depuis février 1938. En effet, le sous-directeur de Longchamp a remarqué que Jacobowitz avait remporté un nombre très conséquent de paris, le mettant à la tête d’une fortune d’environ 250 000 Francs en quelques mois seulement. Les paris gagnants ayant tous été remportés par des chevaux différents, des propriétaires différents et des haras différents, l’option d’une entente litigieuse est rapidement exclue.

L’enquête continue : auprès des RG, la BMS apprend que les Jakobowitz font partie de très nombreux émigrés juifs allemands, dont certains sont fortement soupçonnés d’activités criminelles. Franz s’est vu refusé un prêt bancaire pour réaliser un achat immobilier en avril 1938. Auprès de la famille, qui prépare le deuil, on apprend que Franz a financé la venue en France de toute sa famille - son frère et sa famille, leur mère et sa belle-sœur et tous leurs enfants, un total d’une vingtaine de personnes. Il semble que Louise, l’aînée, soit enceinte et fiancée à un collègue de travail, Marcel Graulhet, contremaître chez Regor (fabricant d’aspirateurs). Selon les documents présents dans le domicile familial, Franz travaillait comme commis de librairie chez Jules Salomon, rue Montcalm ; il préparait depuis le 20 avril une émigration aux Etats-Unis pour toute sa famille, une opération très onéreuse ; il est parti une quinzaine de jours près de Vierzon entre le 3 et le 17 mai 1938. En sortant du domicile des Jacobowitz, les agents de la BMS détectent un homme qui les surveille. A l’issue d’une course poursuite infructueuse, l’inspecteur Bickert remarque un détail : l’homme est rasé de près. Un détail qui semble trahir les nombreux espions allemands en activité en France à ce moment. Un petit tour à la ST permet à la BMS de prendre connaissance de l’ampleur des travaux de cette nouvelle direction et de l’abondance des données collectées...

Dans la librairie Salomon, la BMS apprend que Franz était un commis compétent, mais fantasque. Sa demande de congés de mai ayant été refusée, il a perdu son emploi. De plus, il semble avoir effectué de nombreux achats d’herbes au nord de Paris et avoir acquis un très gros quartz. L’autopsie de Sabiani n’apporte pas d’éléments nouveaux à l’enquête, alors qu’une comparaison systématique fait apparaître une clef parmi celles trouvées sur le corps qui ne correspond ni au véhicule, ni au domicile principal de Jacobowitz. A Aubigny-sur-Nère, près de Vierzon, les agents de la BMS découvrent que Franz a acheté le 16 mai 9 billets de la même série de la loterie nationale - il aurait même tenté d’en racheter le dixième à un paysan local. En rentrant sur Paris, ces agents apprennent qu’un cambriolage a eu lieu au domicile des Jacobowitz, sans que rien n’ait apparemment disparu...

Une recherche dans les locaux du fisc à l’ambiance grotesque, les agents apprennent que Franz Jacobowitz a acheté un petit local, rue Jules Trémail à Stein. Là, les agents atteignent le nœud de l’affaire : ce petit local est bien pourvu de victuailles et d’eau ; une étrange lampe contenant des éclats de quartz et d’herbes est posée sur un bureau ; un coffre contient des journaux datant du futur, du 15 juin 1938 et du 2 septembre 1939 ! Ils trouvent également 30 000 Francs et 9 billets de loterie nationale, ainsi qu’un petit carnet de cuir fauve écrit en latin en police gothique « Deambula Temporis ». Passée la stupeur de la lecture des journaux du futur (le 2 septembre 1939 aurait lieu une déclaration de guerre à l’Allemagne suivie d’une mobilisation générale), les agents reprennent leurs investigations : la coupure du 15 juin confirme que les billets achetés par Jacobowitz sont les billets gagnants du tirage à venir dans deux jours !

En rentrant quai des Orfèvres, les agents apprennent que Louise Jacobowitz a été enlevée devant son usine par des inconnus sortis d’une voiture noire et qu’une étrange demande de rançon a été adressée en Allemand à la famille : trois jours pour fournir un livre et une lampe en l’échange de la vie de la jeune fille ! La lecture du carnet « Deambula Temporis » permet de confirmer les déductions des agents : Franz disposait avec la lampe et les incantations du carnet d’un moyen de voyager dans le temps ! Le commissaire Dumort pense qu’il s’est fait tuer par une créature vivant dans l’espace-temps et connue sous le nom de Chien de Tindalos. Malgré le risque de rencontrer une telle créature, il ne faut pas longtemps aux agents de la BMS de décider d’affronter l’inconnu d’un voyage temporel pour aller assister en spectateurs à l’enlèvement de Louise devant son usine et de filer les Allemands jusqu’à leur planque pour en noter l’emplacement : un pavillon de banlieue près d’une voie ferrée. Revenant dans le présent, les agents mettent immédiatement sur pied une action coup de poing contre cette planque à l’aube du 14 juin. L’assaut sera conduit de front par le commissaire Dumort et l’inspecteur Alfonsi, le commissaire Evrard et les inspecteurs Monfils et Bickert fixant les assiégés par l’arrière. La BMS ne souffrira pas de pertes malgré un échange de tirs violent dans toute la maison. Louise, légèrement blessée par une balle perdue, sera sauvée et évacuée par Bickert et Evrard. Quant aux agents allemands, aucun ne survécut à la fusillade mais leurs mitraillettes ont désormais rejoint l’arsenal de la BMS.

La question de l’utilisation de cette lampe permettant de voyager dans le temps se pose désormais de manière particulièrement aigüe pour les agents de la BMS.

Ce scénario a été joué lors de la 32e convention de jeux de rôles de Sup’Aéro à Toulouse (février 2011)

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