C’était comme un rève...

Rapport de mission n° 42
Date de la mission: Août 1916
Agents :

La Brigade découvre en même temps que les services allemands un temple de la civilisation de l’Atlantide suspendu dans un nuage à une distance peu éloignée du front français. Ce temple qui était rempli d’objets atlantes a ensuite disparu sans qu’aucune des parties n’en tire avantage.

RAPPORT D’ENQUETE DE L’INSPECTEUR LETALON DATE DU 19 AOUT 1916

Le 17 août 1916, lors d’un déplacement dans Paris avec l’inspecteur Lebrun sur un véhicule de service nous avons observé avec stupéfaction dans la vitrine d’un antiquaire un petit objet en forme de pyramide strictement semblable à celui ramené de Venise lors d’une précédente enquête de la Brigade Mobile Spéciale. J’ai aussitôt acheté l’objet à l’antiquaire, Monsieur Pochon, et lui ai demandé où il l’avait trouvé. Il m’a répondu que l’objet lui a été vendu ainsi qu’une petite statuette faite du même métal par un soldat en permission du nom de Dumontel, il y a quelques jours de cela. Il se souvenait également du numéro porté sur l’uniforme du soldat : le 133.

J’ai alors acheté la statuette et nous sommes rentrés aux locaux de la Brigade pour examiner ces trouvailles. La statuette représente un guerrier grec avec une lance, un bouclier et un casque. Quant à la pyramide, en nous basant sur nos observations sur celle ramenée de Venise, nous avons réussi avec difficulté à en activer le mécanisme en frottant certaines inscriptions. Une image fantomatique est alors apparue au dessus de l’objet, on y voyait un homme vêtu à la mode antique avec derrière lui un temple Grec sous un ciel très bleu. Le sol aux alentours du temple était recouvert d’une brume blanche.

Après en avoir averti nos supérieurs nous sommes partis à la recherche du soldat Dumontel du 133e Régiment d’infanterie. Cette unité est affectée à la 5e Armée française sur le front de Reims. Après un passage à l’état-major nous avons rejoint en fin d’après midi les cantonnements du 133e ( une grande ferme ) où nous avons présenté notre ordre de mission au Colonel Guichard. Celui-ci nous a alors orienté vers la quatrième section, où nous avons trouvé le Soldat de 2e classe Dumontel. Nous l’avons interrogé en présence du commandant de la 4e Compagnie, le Sous Lieutenant Ribot-Duval, qui semble nerveusement très atteint par les combats. Dumontel affirme avoir trouvé la pyramide et la statuette dans le fuselage d’un avion biplace écrasé dans le no man’s land. Lors d’une offensive vers les tranchées ennemies le 9 août dernier près des trois quarts de la compagnie sont tombés sous le feu des mitrailleuses allemandes. Dumontel a eu la vie sauve en se cachant derrière le fuselage d’un avion écrasé. Il est resté caché en attendant la tombée de la nuit et a pu regagner nos lignes en rampant, avec ces deux objets trouvés dans l’appareil. Nous avons décidé d’aller dans les tranchées le lendemain afin d’en identifier le type et l’escadrille.

Nous nous sommes rendus sur les lieux le 18 août au matin avec un petit détachement de huit hommes et d’un sergent mis à notre disposition par le colonel Guichard. Des tranchées nous avons pu identifier l’avion comme un Voisin 3, malheureusement on ne pouvait distinguer d’ici l’insigne d’escadrille. J’ai alors pris le risque de m’aventurer en rampant vers l’appareil, arrivé sur place un feu d’enfer se déclenche et des soldats allemands partent à l’assaut ! L’inspecteur Lebrun est aussitôt venu à mon secours avec les soldats. En me servant de la mitrailleuse de l’avion et grâce au tir de nos fusils-mitrailleurs Chauchat, nous avons réussi à regagner nos lignes, en déplorant trois morts et quatre blessés. Je suis moi-même atteint de deux balles dans un bras mais suis convenablement soigné à l’arrière où je suis vite évacué. J’ai pu au passage récupérer les papiers du pilote (Sergent Milheu) et voir l’insigne de l’escadrille : un pélican avec une étoile blanche, symbole de la V24 commandée par le Capitaine Faure. Cette escadrille étant rattachée à la 5e Armée il ne nous a pas fallu longtemps pour nous rendre à son aérodrome dès que je fus sorti de l’hôpital.

Nous apprenons le destin du Sgt Milheu au Capitaine Faure qui se montre étonné de notre enquête. En consultant les archives de l’escadrille nous avons pu voir que l’équipage abattu volait sur le Voisin n°6 (Pilote Sgt Milheu, Mitrailleur Caporal Stora) et revenait d’une mission sur le village de St Genest derrière les lignes allemandes. Il volait comme à son habitude avec le Voisin n°4 piloté par l’adjudant Lazure (Mitrailleur Caporal Mercier). Cet équipage est ensuite retourné tous les jours sur cet objectif, et même envoyé sur un autre secteur, semblait faire un détour sur St Genest. Nous avons pu voir aux bottes luisantes de l’Adjudant Lazure qu’il venait d’avoir une récente rentrée d’argent !

En examinant son appareil, nous avons pu constater qu’il revenait d’une mission à très haute altitude où curieusement il a pris des balles de la chasse allemande. Un peu inquiet des questions que nous lui posons, nous le surprenons le soir en conciliabules avec le Caporal Mercier et son mécanicien, le Sergent-chef Le Quénec. Nous les réunissons tous les trois le lendemain matin et leur disons que nous les soupçonnons d’avoir trouvé des objets de valeur derrière les lignes ennemies. Ces objets sont d’une importance capitale aux yeux des services secrets et sans la totale coopération de leur part nous leur causerons de sérieux ennuis. Nous nous proposons même de leur acheter les objets restant en leur possession. Les trois hommes se concertent et acceptent, ils nous entraînent dans le bois voisin d’où ils déterrent une caisse remplie d’objets atlantes !!!

Où les ont ils trouvés ? L’adjudant Lazure m’a répondu :
« Mon Lieutenant, c’était comme un rêve... Il y a un temple grec qui flotte dans les nuages, il est invisible par dessous mais visible dessus. On l’a découvert par hasard avec Milheu lors d’un essai à haute altitude. Milheu a eu assez de cran pour se poser sur le parterre du temple et est allé l’explorer, on y a trouvé les objets que vous voyez là. Mais un jour on a rencontré la chasse boche qui volait autour et il s’est fait descendre. J’y suis retourné depuis mais cela devient de plus en plus dangereux. »
Nous avons réquisitionné un Voisin et nous nous sommes envolés vers Paris en ordonnant de faire envoyer la caisse à la Brigade Mobile Spéciale. Nous avons aussitôt rendu compte de cette prodigieuse découverte à nos chefs et sommes allés prendre livraison au parc aérien le plus proche de deux chasseurs Nieuport 17 armés de deux mitrailleuses, avec la ferme intention d’aller voir ce temple au plus tôt. Nous sommes alors revenus sur nos chasseurs à l’escadrille V24 et avons redécollé avec le Voisin de Lazure pour nous guider. Nous n’avons pas trouvé de temple mais un Zeppelin accompagné de deux chasseurs Albatros D1 et d’un biplace. Les hommes de Von Bock ont dû faire le ménage avant nous ... Je décide d’attaquer immédiatement le Zeppelin avant qu’il ne puisse décharger son précieux contenu. Avec Lebrun nous passons comme des bolides l’écran des chasseurs et mitraillons le dirigeable, sans résultats, et sommes très sérieusement endommagés par ses mitrailleurs (Lebrun y laisse une partie de son aile inférieure). Je reviens pour une seconde passe et réussit à l’incendier (il explose en vol). Lebrun quitte alors le combat et je me débat pendant de longues minutes avec mon bras en écharpe à esquiver les attaques des trois avions ennemis. Ceux-ci abandonnent finalement le combat à court de carburant et je peux poser mon appareil transformé en passoire dans nos lignes.

Toutes nos recherches pour retrouver ce temple volant sont restées vaines. Encore une fois, la civilisation de l’Atlantide restera un mystère...

Inspecteur Zephir Letalon

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