Opium noir (5) : Opération Tapenade !

Rapport de mission n° 88
Date de la mission: Mai 1926
Agents :

La BMS réalise un raid sanglant contre un des grands chefs du réseau de traficants, Joseph Karaboudjian, et parvient à l’abattre dans sa villa provençale.

25 mai 1926 : Suite au raid manqué du 17 mai dernier, le commissaire principal Conti a réuni tous les vétérans du service et au cours d’une réunion de crise sont examinées toutes les pistes de l’enquête. Le commissaire Laspalès retrouve ainsi son vieux camarade, le commissaire Anthyphon, avec qui il effectua les premières enquêtes du service il y a 25 ans... Le principe d’un nouveau raid contre la villa de Karaboudjian est discuté. Le problème de la force de frappe est à résoudre, tout comme la légalité de l’affaire... doit-on solliciter le concours des forces de police locales ? Doit-on compter sur les seuls moyens de la BMS ?

26 mai 1926 : Un télégramme est reçu d’Egypte de l’équipe menée par l’inspecteur chef de la Montmorandière, qui leur apprend la teneur de l’entretien avec « K », le chef de l’intelligence service britannique. La BMS décide de lancer une nouvelle action contre Karaboudjian dans sa villa provençale, en ne sollicitant pas le concours de la gendarmerie locale qui est jugée corrompue par la pègre.

Laspalès décide alors de rendre visite une nouvelle fois à son vieil ennemi du 2eme bureau, le Colonel Collot, et lui demander le concours de ses services pour le raid prévu contre la villa Capri. Collot lui répond qu’il a surtout des équipes d’intervention dans les colonies, et assez peu en France. Mais il peut tenir à sa disposition un peloton de huit hommes, rescapés d’un bataillon d’Afrique composé de condamnés de droit commun. Ce « bat’d’af’ » aurait à faire face à des créatures surnaturelles en AOF et est actuellement dans une caserne de Toulon (caserne Napoléon), au repos, sous les ordres du capitaine Romieu. Collot rédige un ordre de mission qu’il confie à Laspalès, qui pourra ainsi utiliser ces hommes sous son commandement.

De retour à la BMS, Laspalès prend ses dernières instructions des commissaires principaux Fèvre et Conti. Il prend le train le soir même pour Marseille, avec le commissaire Anthyphon, l’inspecteur principal Marinette Valois, ainsi que les inspecteurs Rodier (à peine remis de ses blessures) et Philippe Evrard, une nouvelle recrue. Le groupe a ses valises chargées d’armes.

27 mai 1926 : Le groupe arrive à la gare Saint-Charles au petit matin.

Afin de renforcer leur équipe d’assaut, ils contactent Dante Nardi qui leur a laissé un numéro de téléphone. Il leur propose de se rencontrer au café « La sardine » sur la canebière dans une heure

Les agents s’y rendent et s’installent en terrasse, contemplant les bateaux du vieux port et l’imposant pont transbordeur.

Arrivent peu après des gangsters en costume rayé qui « sécurisent » la zone pour leur patron Dante Nardi, qui s’installe à table avec les agents et salue le commissaire Laspalès. Il les informe que son homme qui surveille la villa n’a remarqué aucune activité anormale. Quand on lui parle d’un deuxième raid mené par une équipe fortement armée, il se montre plus que jamais enthousiaste à l’idée d’en être pour voir la mort « de ce fils de pute de Karaboudjian », mais la conversation est interrompue par un coup de feu tiré du haut du pont transbordeur qui manque Nardi et blesse un de ses hommes avant de briser la vitrine du bar. Cris de panique des clients, les agents protègent Nardi et l’entraînent à l’intérieur du bar alors que d’autres coups de feu claquent. Nardi récupère ses hommes et s’enfuit par la porte arrière, il a auparavant promis d’apporter son concours à ce raid mais ne pourra mettre à disposition que quelques hommes (les survivants du raid du 17 mai). C’est toujours ça de pris... Il leur laisse l’adresse d’un bar à qui s’adresser pour le contacter dès que le raid sera prêt.

Les agents partent tous à la gare du Prado prendre le train pour Toulon. Ils arrivent en fin de soirée et gagnent la caserne Napoléon où Laspalès rencontre le capitaine Romieu à qui il donne son ordre de mission du 2eme bureau. Romieu fait alors le nécessaire pour leur mettre à disposition le peloton spécial de « bat’d’af’ » avec leur armement et un camion, mais il le prévient : « c’est de la racaille ! ». Laspalès et Anthyphon constatent qu’il dit vrai en découvrant leurs mines patibulaires. Tous sont de simples soldats de 2eme classe, mais l’un d’eux fait office de caporal et se nomme Putilov. Les agents leur expliquent la mission qui les attend, ce qui ne leur fait ni chaud ni froid. Le départ aura lieu demain.
En attendant, les agents sont hébergés pour la nuit à la caserne dans des chambres d’officiers dont ils goûtent le confort « militaire ».

28 mai 1926 : Réveillés aux aurores au son du clairon, les agents partent pour Marseille, certains en train (Lapalès et Valois) et d’autres dans le camion emmenant les soldats. Ceux arrivés à la gare du Prado préviennent Nardi et dans l’après midi le groupe d’attaque est réuni aux alentours de la villa Capri.

On trouve :

  Pour la BMS, les agents Laspalès, Anthyphon, Valois, et Evrard. Anthyphon est armé d’une mitrailleuse Lewis empruntée à un avion de la BMS, et les autres ont des fusils Lebel.
  Pour le 2eme bureau, les huit soldats du « bat’ d’af’ » menés par Putilov. Ils sont armés de fusils Lebel et l’un d’eux est armé d’un fusil mitrailleur Chauchat.
  Pour la pègre, Nardi en personne et trois hommes : Boudifle armé d’une mitraillette Thompson, ainsi que Bouzigue et Escartefigue, armés de fusils Lebel.

Soit un total de 16 assaillants, Rodier, mal remis de ses blessures, restant à la voiture en réserve.

Le groupe progresse en tirailleurs par le nord-est, en traversant un champ d’olivier, et se dirige directement vers la villa qui est entourée par un bosquet. Arrivés à ce bosquet, un garde est repéré en train de faire les cent pas dans les fourrés. Anthyphon s’approche de lui silencieusement pour le mettre hors d’état de nuire, mais il est repéré et le garde lui tire un cartouche de son fusil de chasse qui le touche et le blesse grièvement. Le garde donne l’alarme avant d’être abattu par plusieurs tirs. La terre se met à trembler !

Le groupe rentre alors dans le bosquet en ordre dispersé, et des coups de feu claquent : des gardes libanais sont là et font feu. Dante Nardi est touché par un tir de fusil qui lui brise une épaule, il est secouru par un de ses hommes mais perd rapidement connaissance. Tout le monde tire à travers les fourrés sur l’ennemi qu’ils distinguent à peine. Un libanais tombe, un soldat est touché... Quand soudain les agents entendent le tir d’une mitrailleuse que les gardes ont mis en batterie. Un soldat tombe grièvement blessé aux jambes. Ses servants sont alors abattus par des grenades lancés par les assaillants. Marinette Valois se faufile courageusement au milieu des tirs dans les fourrés et s’empare de la mitrailleuse, qu’elle retourne contre ses propriétaires, mais l’arme est enrayée. Elle appelle à l’aide car elle ne parvient pas à la désenrayer. Laspalès la rejoint en grommelant sur l’incapacité des femmes à faire de la mécanique... Il dit « laissez-moi faire » et secoue la mitrailleuse. Il en casse le percuteur ! Mais Valois n’a pas le temps de se moquer de lui, car la terre tremble de plus en plus fort, et un cratère s’ouvre dans le sol sur le lieu du combat, découvrant une horrible créature chtonienne dont les tentacules tentent de saisir les assaillants, dont Anthyphon qui est resté blessé au sol et qui réalise un spectaculaire roulé-boulé. Des soldats et un gangster, épouvantés, fuient le combat. Tous les tirs des assaillants restés sur zone convergent vers le monstre, qui, blessé, rentre dans son terrier. Les soldats y lancent des grenades et tuent sans doute la créature car Anthyphon, qui s’est traîné au bord du cratère, y voit des tentacules animés de soubresauts d’agonie.

Le combat continue contre les gardes libanais, qui convergent tous vers les assaillants en tentant de les déborder. Evrard tue l’un d’eux et récupère une mitraillette Thompson sur son cadavre. Il aperçoit avec horreur deux rejetons de Shub-Niggurath venant du maquis bordant la piste d’atterrissage ! Il court vers ses camarades en hurlant, Anthyphon met alors sa mitrailleuse Lewis en batterie. Les deux monstres approchent au galop sous le feu des agents et des soldats. Un des monstres tombe à quelques centimètres d’Anthyphon après qu’il ait vidé son chargeur ! Mais l’autre, bien que blessé, parvient au contact et broie deux soldats sous ses tentacules. Il prend ensuite Laspalès pour cible, qui fuit à travers le bosquet mais le monstre est plus rapide et le commissaire est vite entouré des redoutables tentacules. Alors qu’il croit ses derniers instants arrivés, Evrard parvient à abattre le monstre avec sa mitraillette. Il était moins une.

Anthyphon, Valois et quelques soldats ont raison des derniers gardes dont certains s’enfuient. Ils se précipitent vers la maison et arrivés à son niveau entendent deux moteurs d’avion démarrer : Karaboudjian s’enfuit par la voie des airs ! Evrard, qui avait repéré la piste de décollage, a délaissé la villa pour se poster en vue des hangars. Il parvient à placer quelques tirs sur un des appareils, tout comme Anthyphon accouru plus tardivement sur les lieux aussi vite que sa blessure lui a permis et qui a tiré sur les appareils décollant avec sa mitrailleuse Lewis. Il ne parvient pas à en abattre mais est sûr d’en avoir touché un.

Trois soldats ont été tués dans ce raid, plus l’un d’entre eux blessé, tout comme un agent (Anthyphon). Malgré les premiers soins qui lui ont été prodigués, Dante Nardi ne survivra pas à sa blessure.

Une fouille de la villa désertée de ses derniers gardes est alors entreprise et révèle un important stock de hachisch, d’opium, et d’opium noir, ainsi que des documents intéressants.

  Un livre de culte en langue arménienne contenant des rituels de magie.
  Une lettre inachevée datée du 17 mai 1926 écrite par Karaboudjian et destinée à un certain Khorat Hmong, au Laos : « Cher ami, J’ai été averti par votre neveu de Paris d’évènements préoccupants... »
  Une lettre datée du 8 mars 1926 venant du capitaine du Sirius, Maurice Imad, et destinée à Karaboudjian. Il lui révèle que « le français d’Obock se révèle plus coriace que prévu sur les prix qu’il demande pour faire le transport de la sève noire. Il transporte d’autre part sa propre cargaison vers l’Egypte, qu’il a acheté en Inde. Il faudra envisager le moment où il se fera capturer et où nous perdrons notre précieuse cargaison. Peut-être faudrait-il envisager une autre voie, par la Mésopotamie par exemple, où en l’imitant en nous lançant nous-mêmes à la navigation sur la Mer rouge à bord de navires indigènes. »

Sera également trouvé derrière la villa un autel en pierre sur lequel se trouvait sur sang séché...

29 mai 1926 : Des gendarmes du Var reportent avoir découvert un hydravion endommagé au moteur dans une calanque. Sommairement enterré près de la plage, le cadavre d’un homme dont le corps porte des traces de blessures par balles. Il semblerait, d’après enquête de la PJ de Marseille, qu’il s’agisse de Joseph Karaboudjian.

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